
J’étais heureux, je venais d’acheter ma toute première voiture et c’était aux États-Unis, tout un symbole. Enfin ça, c’était en théorie. En pratique, j’étais juste pour le moment propriétaire d’une feuille de papier. Cette dernière devait me permettre d’officialiser le changement de propriétaire et d’obtenir des plaques d’immatriculation. Dans cet article je vais vous parler d’assurances automobiles, du permis de conduire version États-Unis (plus précisément celui du New Jersey) et de l’acquisition des plaques d’immatriculation.
Assurer sa voiture
Aux États-Unis, comme en France, il est interdit de rouler sans assurance. Cependant, là où généralement en France l’assurance du vendeur protège la voiture jusqu’à minuit le jour de l’achat, aux États-Unis, la voiture cesse d’être assurée dés le moment où le Certificate of title est signé. Il faut donc assurer le véhicule avant de l’acheter, sinon, il sera légalement impossible de le déplacer jusqu’à chez vous après votre achat.
Comparer les différentes offres
Me sentant à l’époque trop peu à l’aise en anglais pour demander des devis par téléphone et craignant de me faire rouler par un commercial, j’ai décidé de restreindre mon enquête à internet. Pour comparer les différentes offres, j’ai eu besoin du VIN de la voiture que je voulais assurer et de mon permis de conduire français. Après plusieurs heures, je suis arrivé à mes fins et il ne restait plus que deux candidats dans ma liste de compagnie d’assurances potentielles : PROGRESSIVE et GEICO.
J’ai personnellement eu assez de temps pour comparer différentes offres d’assurances, si jamais ça n’était pas votre cas, sachez que vous vous pourriez tout à fait souscrire temporairement à une assurance pour acheter votre véhicule et la résilier une semaine après pour une plus avantageuse.
Un menu à la carte
A deux-trois dollars prêts, le montant de la facture était le même chez PROGRESSIVE et GEICO. Pour ce qui est de la couverture, elle est personnalisable. J’ai beaucoup joué avec les différentes options et je suis finalement arrivé à la formule suivante :

Vous remarquerez peut-être que ma propre couverture médicale (Personal Injury Protection – 15 000 dollars dont 2 500 dollars déductibles) est nettement inférieure à celle des gens que je pourrais blesser (Bodily Injury Liability – 100 000 dollars par personne – 300 000 dollars maximum par accident). Étant déjà assuré par APRIL INTERNATIONAL dans le cadre de mon VIE, je n’ai pas besoin d’un second assureur pour mes dépenses médicales. J’ai ainsi économisé quelques dollars ici et là, poussé par le prix exorbitant de cette assurance. En jouant un peu avec ces assistants, j’ai rapidement réalisé que pour certaines options, passer d’une couverture de 50 000 dollars à 100 000 dollars ne rajoutait que 2 ou 3 dollars par mois. Je recommande donc de bien prendre son temps pour comprendre et choisir une couverture adaptée.
L’addition et comment payer moins
J’ai finalement choisi PROGRESSIVE car contrairement à GEICO, leur site internet acceptait les permis de conduire français. Ils me demandent en moyenne 156 dollars par mois pour assurer ma Scion tC de 2010. Vous l’aurez compris, l’assurance automobile n’est pas donnée aux États-Unis. J’arrive à économiser un peu d’argent supplémentaire en payant une avance sur les six prochains mois (presque 900 dollars). Aussi, quand ils m’ont proposé d’installer dans ma voiture un petit accessoire pour espionner ma conduite en échange d’un rabais additionnel incertain, j’ai leur ai immédiatement répondu que s’ils pensaient que j’allais accepter d’être espionné de la sorte par leur bidule douteux pour économiser juste deux ou trois dollars, ils avaient bien raison.

Le petit appareil en plastique gris est rapidement arrivé dans ma boîte aux lettres et fut facile à installer. Il a trouvé sa place rapidement, branché sur le port diagnostique de ma voiture, en dessous à gauche du volant. J’ai ensuite roulé plusieurs semaines avec, l’entendant s’exprimer à travers des bips de mécontentement à chaque fois qu’il estimait (à tort ou à raison) que je freinais trop fortement. Il communiquait en direct à mon assurance les heures auxquelles je roulais et sur quelles distances, ainsi que le nombre d’accélérations et freinages trop prononcés. Je disposais d’une page sur leur site internet me permettant de voir en direct les données reçues. A la fin de ce covoiturage insolite, je l’ai retourné à PROGRESSIVE et ils ont déterminé que j’étais un bon conducteur (ouf), me concédant ainsi une nouvelle petite réduction.

Pour conclure sur le prix de l’assurance, j’ai contacté PROGRESSIVE pour savoir comment ils justifiaient ce coût si élevé. Ils m’ont révélé que mon statut d’étranger me conférait un malus dont le montant ne pouvait m’être communiqué. Ils m’ont cependant annoncé qu’au bout de 18 mois, ce malus serait retiré. Pas de chance, c’est pile la durée de mon VIE. J’ai aussi eu la mauvaise surprise de constater que toutes mes années de conduite et mon historique exemplaire d’assuré français n’ont eu aucune valeur aux yeux des assureurs américains. Enfin, pour terminer sur une note plus positive, PROGRESSIVE me couvre aussi quand je loue une voiture aux États-Unis, me permettant ainsi de refuser l’assurance du loueur, ce qui est plutôt appréciable quand on voyage dans ce grand pays où la voiture est reine.
Obtenir un permis de conduire aux États-Unis

La voiture m’appartenait donc officiellement et était assurée, cependant, il me manquait encore les plaques d’immatriculation. J’ai demandé à la vendeuse si elle pouvait garder le véhicule garé chez elle le temps que je fasse l’aller-retour au MVC (Motor Vehicle Commission) pour enregistrer la voiture et obtenir ces plaques.
A cet instant de l’article, vous vous demandez probablement quel est le rapport avec le permis de conduire aux États-Unis ? En effet, il est possible de conduire dans le New Jersey avec un permis français pendant trois mois. Ayant acheté ma voiture un bon mois après mon arrivée, j’étais donc autorisé à la conduire.
Confiant, j’ai sauté dans un bus et je me suis laissé transporté jusqu’au MVC le plus proche de chez moi, pensant que l’obtention de mes plaques d’immatriculation ne serait qu’une formalité. Que nenni ! Quand on m’a demandé de remplir le formulaire d’enregistrement de ma voiture, j’ai rapidement repéré la case Driving License Number que mon permis français ne me permettait pas de remplir. J’ai essayé d’obtenir de la compassion de mon interlocuteur mais rien n’y a fait. Je me suis donc dit « très bien, reste calme, le MVC ferme dans 1h30, cela te laisse assez de temps pour passer le permis de conduire maintenant et remplir cette fichue case Driving License Number.
Passer le written driver test
La bonne nouvelle quand on détient déjà un permis de conduire français, c’est qu’on peut obtenir son équivalent américain via un processus accéléré. C’est en tous cas le cas dans le New Jersey. Pour ce qui est des autres états, le cheminement diffère. Je n’avais donc qu’à passer l’examen du code de la route du New Jersey pour obtenir le précieux sésame.
Cet examen, baptisé written driver test, comporte 50 questions diverses. Il faut répondre correctement à au moins 40 questions pour le réussir. Même en étant bon conducteur en France, il ne doit pas être pris à la légère. Il vous faudra bien vous entrainer avant de vous y présenter. Notez que vous pouvez le repasser plusieurs fois en cas d’échec. Vous devrez cependant attendre au moins une semaine après un essai infructueux.
Comment s’entrainer ?
Pour m’entrainer, j’ai eu recours à plusieurs supports. Le premier est le New Jersey MVC Handbook. C’est un peu la cheat sheet ultime puisque toutes les réponses au quiz sont dans ce livre.
Le deuxième est le site internet driving-test.org qui propose plus de 600 questions sous forme de petits quiz avec difficulté graduelle.
Enfin, et c’est une petite trouvaille qui m’a été très utile, ce fichier PDF contient un ensemble de questions et de réponses TRES SEMBLABLES (wink wink) à celles que j’ai croisées pendant le vrai examen.
Quelques astuces

La première astuce est qu’il n’est pas nécessaire de répondre aux questions dans l’ordre. L’examen dure 35 minutes, cela laisse assez de temps pour passer toutes les questions difficiles et y revenir plus tard. De plus, Il s’arrête dès que le candidat a donné 40 bonnes réponses. Si vous passez les questions compliquées dans un premier temps, vous n’aurez peut-être même pas y répondre à la fin.
La deuxième est de ne pas écouter les questions avec le casque, l’orateur parle trop lentement et peu déconcentrer. A la place, prenez le temps bien lire les questions et les réponses. Restez calme et répondez en prenant votre temps.
La troisième est de passer l’examen en anglais. Cette dernière astuce peut paraitre surprenante mais il est possible de passer l’examen en français. Le problème est que la traduction peut introduire des erreurs. De plus, vous aurez probablement développé des réflexes à force de vous entrainer en anglais et la traduction pourrait les rendre caduques.
Le 6 points ID
Quand j’ai fait savoir à l’accueil du MVC que je voulais passer l’examen écrit, on m’a donné un petit carton avec un numéro inscrit dessus et un formulaire nommé « APPLICATION FOR DRIVER EXAMINATION PERMIT« . Puis, j’ai été invité à avancer vers la file d’attente de vérification d’identité. En attendant mon tour, j’ai rempli le formulaire suivant :


Pour vérifier l’identité des candidats, le New Jersey utile une méthode appelée 6 points ID. Derrière ce nom se cache un système plus ou moins compliqué. L’idée est que plusieurs documents peuvent servir de preuve (un passeport, une carte de crédit…). Ces différents documents ont plus ou moins de valeur, exprimée en points. Le but est d’avoir au moins 6 points au moment de la vérification. Pour savoir quels documents sont acceptés et pour combien de points, je vous invite à consulter le document officiel explicatif. Dans tous les cas, en plus de ces documents, il faudra présenter un justificatif de domicile dans le New Jersey et une carte de sécurité sociale américaine.

En échange des preuves que j’ai avancé, j’ai obtenu le droit de continuer vers un autre guichet où après avoir réglé une petite somme (10 dollars ? ma mémoire me fait défaut), j’ai obtenu mon Examination Permit, feuille A4, amputée d’un tiers, nécessaire pour pouvoir se confronter au written test.
L’échec
J’ai malheureusement échoué la première fois que j’ai passé le written test. Etant « âgé » et ne buvant pas d’alcool, je n’avais pas révisé les chapitres relatifs à la conduite sous influence et les droits et devoirs des très jeunes conducteurs (un programme appelé Early Bird Road, disponible dès 16 ans). Je me suis donc retrouvé coincé. Impossible d’obtenir les plaques d’immatriculation ce jour-là. J’avais une voiture mais je ne pouvais pas la conduire.

Problème supplémentaire, la vendeuse de ma Scion tC déménageait et ne pouvait garder la voiture chez elle plus longtemps. Je ne pouvais pas non plus la laisser garée dans la rue ou sur un parking sans plaque d’immatriculation. Elle aurait été enlevée rapidement par la police.
Fort heureusement, l’hôte Airbnb chez qui j’avais passé mon premier mois aux Etats-Unis fut sensible à ma situation. Je me suis retrouvé le lendemain soir devant chez elle et la vendeuse de ma voiture est arrivée à son volant. Elle l’a garée, m’a donné LA clé (oui oui, une seule clé, à ce jour je continue de m’interroger sur ce point) et est repartie. Ma petite Scion tC n’était plus un problème. L’esprit tranquille, je pouvais me consacrer intégralement aux révisions pour enfin décrocher ce fichu permis de conduire.
Puis la réussite
Pour la deuxième fois, j’ai mis toutes les chances de mon côté : petite sieste dans le bus jusqu’au MVC, ultimes révisions de dernière minute et barre énergétique ingérée juste avant le début de l’examen. Au moment de franchir la porte d’entrée, j’étais confiant et déterminé. Quand j’ai avancé dans le MVC, le temps s’est arrêté. Tous les regards se sont posés sur moi. Les gens ont fait place pour me laisser avancer jusqu’à l’accueil. Je lisais de la surprise et de l’admiration dans leurs yeux. Tous avaient conscience de l’importance du moment dont ils étaient témoins. Je suis arrivé devant la réceptionniste et j’ai enlevé calmement mes lunettes de soleil, regardant ses mains tremblantes. Puis, j’ai relevé la tête doucement, pétrifiant son visage au moment où mon propre visage lui fit face. Je l’ai regardée droit dans les yeux et lui ai dit : I’m back.
Elle m’a alors tendu à nouveau un papier plastifié avec un numéro dessus et m’a montré la file d’attente du 6 points ID. Damn! Après avoir une nouvelle fois prouvé mon identité, je me suis dirigé vers la section examen du bâtiment et je l’ai repassé je dois dire sans difficultés. Le stress était pourtant bien de la partie et n’a rendu la victoire que plus savoureuse.
Après que l’ordinateur m’ait indiqué que j’avais répondu correctement à 40 questions, je suis allé au guichet pour demander au surveillant quelle était la suite. Il m’a fait passer un test de vision plutôt simple et a inscrit sur mon Examination Permit que j’avais validé l’examen.

L’obtention du permis à proprement parler
Mais qu’allait-il se passer maintenant que j’avais ce papier décoré d’un autocollant brillant ? Allais-je enfin obtenir mon permis de conduire ? Et non, pas encore. Avant ça, il fallait repasser par l’accueil, récupérer un numéro d’attente et un formulaire intitulé « APPLICATION FOR DRIVER LICENSE » et se rendre à nouveau au stand 6 points ID.

Une fois mon identité à nouveau vérifiée, je suis déplacé jusqu’à un autre guichet et j’ai montré l’ensemble de mes documents. C’était l’étape finale ! On m’a demandé de reculer pour me prendre en photo. Après quoi, j’ai vu mon permis de conduire sortir de l’imprimante. Il était aussi beau qu’encore chaud. Quelle joie de l’avoir enfin entre mes mains.

Petite aparté : aux États-Unis le permis de conduire sert aussi de carte d’identité. De fait, je ne présente jamais mon passeport à l’aéroport quand je voyage localement.
Enregistrement de la voiture

Permis de conduire en main et euphorique, je me suis précipité vers la toute dernière étape : le guichet d’obtention des plaques d’immatriculation. Là-bas, j’ai eu à payer une taxe de 126,25 dollars, déterminée par le coût d’achat de ma voiture. On m’a ensuite demandé si je souhaitais acquérir un des styles optionnels pour mes plaques. J’ai refusé, mon interlocuteur est allé fouiner dans l’arrière-boutique et est revenu une minute plus tard en me tendant des plaques d’immatriculation toutes neuves pour ma voiture.

Alors que je quittais enfin le MVC, l’air triomphant, je n’avais plus qu’un problème en tête. Il me fallait maintenant trouver un tournevis pour pouvoir viser les plaques d’immatriculation sur ma voiture. Un souci qui fut rapidement histoire ancienne grâce à mes collègues fort sympathiques.
C’est alors qu’enfin, non sans émotion, j’ai inséré la clef de contact à droite du volant pour démarrer ma voiture, prête à quitter définitivement son logement temporaire. Je tourne la clef et… rien ne se passe. Je recommence une fois, deux fois… stupeur ! Après toutes ces galères, ma voiture me lâcherait elle dès le début de notre aventure ? Je panique légèrement, ouvre le capot du moteur, prêt à donner un coup au démarreur. Je regarde aussi la batterie et joue avec l’embrayage. C’est alors que le miracle se produit. Le moteur rugit de plaisir ! Ce jour-là, j’ai appris que pour démarrer une Scion tC manuelle, il faut appuyer sur la pédale d’embrayage en mettant le contact. J’ai commencé à rouler doucement, puis j’ai stoppé mon véhicule dans sa course. Il me fallait un peu de musique pour fêter ça. Gonna Fly Now retentit rapidement dans ma voiture pendant que je remontais heureux et fière à son volant vers Princeton…
Conclusion
Assurer ma voiture, obtenir mon permis de conduire et enfin l’immatriculer n’a pas été une mince affaire. Arriver au bout de ces étapes a été l’ultime soulagement. Je pouvais enfin profiter à 100% des États-Unis. Une nouvelle vie s’offrait à moi.
Une réponse sur “Assurer sa voiture, repasser le permis de conduire et obtenir ses plaques d’immatriculation”